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Les technologies numériques ne sont elles pas le nouveau phantasme



L'article (https://rfi.my/9D39) met en avant deux jeunes agriculteurs qui utilisent des applications numériques pour piloter l'irrigation sur leur exploitation. Bien évidemment, il faut les féliciter et bravo à RFI pour mettre en valeur en valeur une agriculture africaine qui bouge.

Mais il ne faudrait pas que l'arbre cache la forêt. Et la forêt, en l’occurrence ce sont ces dizaines de milliers d'agriculteurs au Sahel qui réalisent la plupart des opérations culturales manuellement alors que le recours à la culture attelée est loin d'être généralisée et que la diffusion de la petite mécanisation reste confidentielle. Et que cette sous mécanisation entrave la restitution de matière organique à des sols qui en ont un besoin urgent. (essayez donc de transporter les volumes de matières végétales nécessaires à la production du compost ou du fumier pour fumer un hectare, pour apporter l'eau pour le maintenir humide pendant la saison sèche et pour rapporter cette précieuse fumure organique sur le champ sans au moins une charrette asine !!!).


Je suis d'accord avec le Directeur de l'Organisation des Nations Unies quand il souligne l'importance de stimuler l'agriculture intelligente. Sauf que je ne met pas la même chose que lui derrière l'adjectif 'intelligente'. Personnellement je persiste à croire que les vieilles pratiques associant polyculture et petit élevage, mélangeant différentes cultures et les arbres sur une même parcelle constituent une agriculture tout aussi intelligente (si ce n'est pas plus) que le recours au technologies numériques. Je suis persuadé que pour la grande majorité des agriculteurs sahéliens, faciliter l'accès à des motoculteurs avec remorque serait une révolution bien plus importante qu'une tablette numérique.


Une petite parenthèse pour terminer, au sujet de l'irrigation. Je suis loin d'être convaincu que ce soit, à long terme, le bon outil pour palier les effet du changement climatique. Outre que cette solution est hors de portée de la majeure partie des agriculteurs sahéliens, elle a aussi ses aspects négatifs comme les risques de salinisation des sols et surtout l'impact sur les ressources en eau disponibles si l'irrigation venait à être généralisée sur des milliers d'hectares. Sans parler de l'efficience discutable de l'irrigation quand l'harmattan souffle.

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